Le 1er juin c’est une passerelle, un pari sur l’avenir célébré au présent

Par Anne Rehbinder

Le 1er juin des écritures théâtrales jeunesse approche et avec lui, c’est une grande fête qui se prépare.

Le 1er juin, c’est d’abord une déclaration d’amour. Aux auteurs, aux autrices : les rêveurs, les très sérieux, les érudits, les étourdis, les prolifiques, les laborieux, les novices et les centenaires. C’est une déclaration d’amour aux textes. Ceux qu’on a oubliés au fond d’un tiroir, ceux qui ont brûlé, qui ont pris l’eau, ceux que personne n’a aimé mais qui feront « école » dans 200 ans. Ceux que personne n’a édité mais qu’on n’a jamais arrêté de jouer et ceux déjà à l’abri de livres éternels. Ceux qu’on s’est promis d’écrire un jour, qu’on voudrait sortir dans l’urgence. Ceux qui ont survécu et qui sont là, tenus dans les petites mains moites d’une première lecture en public ou scandés par quelqu’un qui aurait juré ne jamais faire une chose pareille, chuchotés par un maître d’école à l’heure du temps calme, incarnés puissamment par des comédiens, défendus vaillamment par des metteurs en scène qui en sont tombés amoureux.

Le 1er juin, c’est un défi lancé à la prudence, au snobisme, au défaitisme, aux comptes d’apothicaire, à l’attraction numérique, à la morosité. C’est une fusée de détresse dans la joie d’un feu d’artifice. C’est la fraîcheur d’un saut dans une flaque sans peur d’éclabousser loin, de déranger les habitudes, de porter haut les voix. C’est une invitation dans une maison sans porte ni fenêtre, pour que tous s’emparent de nos mots et les propulsent dans l’espace. Bienvenus les bafouillis et les maladresses. Pourvu que s’y accrochent quelques rêves de spectacle. Pourvu qu’on les rêve en grand, même un instant.

Le 1er juin c’est une passerelle, un pari sur l’avenir célébré au présent, une veillée d’un autre temps qui tenant compte du plus jeune fait une place à chacun. C’est une belle utopie qui voudrait rassembler pour quelques épopées la maturité des enfants et la candeur des adultes, l’exigence des adolescents et la malice des anciens.

C’est un souffle de liberté et d’espoir.

Anne Rehbinder
Secrétaire adjointe

18 mai 2018
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