Du 1er juin des écritures théâtrales jeunesse à Avignon Enfants à l’Honneur, nous sommes liés

« Avignon c’est quand, Avignon c’est comment ? »

Par Marie Combasteix
Responsable du jeune public et de l’action culturelle au Théâtre Paul Eluard
Membre du Conseil d’administration de Scènes d’enfance – ASSITEJ France

Vous venez d’Algérie, du Sénégal, de Roumanie, du Vietnam, du Sri Lanka, du Portugal… Vous avez 9 ans et demi, 11 ou 13 ans, vous vivez à Choisy et vous avez mêlé vos mots, étrangers pour certains, familiers pour d’autres, à ceux de Nathalie Papin, étrangère, familière, grande prêtresse du 1er juin à qui vous êtes définitivement liés. Vous avez écrit dans ses pas, pas à pas, entre ses lignes et dans les marges, dans votre langue et en français la suite du « Pays de rien ». Et, l’air de rien, le stylo est passé de main en main, les langues se sont déliées et se sont fait entendre le soir du 1er Juin. Vous avez lu vos textes sur la scène du théâtre Paul Eluard, dans toutes vos langues, chaque feuilleton appelant l’autre et vous appelant entre vous : Isaac, Ratanak, Nirojini, Shanthou. Vos prénoms chantent comme les ingrédients d’une potion magique.

Et depuis, chaque jour : « Avignon c’est quand, Avignon c’est comment ? ».

Vous vous êtes donné des noms imaginaires, vous avez inventé des adresses et pays qui n’existent pas. Avignon vous semble être de ceux-là : un pays lointain avec un grand palais où ne vivent que des enfants qui vivent de spectacles. Une île inaccessible avec son pont cassé, mais danser en rond ça crée du lien

Vous pensez qu’Olivier Py est un drôle d’oiseau qui vole avec le mistral et fait la pluie et le beau temps mais à Avignon il ne pleut jamais – sauf des spectacles -. Et surtout pas le 13 juillet quand la Cour d’honneur sera à vous, pour Votre spectacle !

Certains veulent être placés à Cour, d’autres à Jardin. Vous n’êtes pas d’accord.

Vous êtes le groupe 10, le dernier à passer, chaque jour vous répétez votre frise chorégraphique.

Vous êtes prêts.

Votre valise est prête depuis longtemps sous votre lit. Vous attendez le 10 juillet quand nous traverserons le pont de Choisy pour prendre le RER C direction Gare de Lyon. Certains parmi vous n’ont jamais quitté leur quartier. Vous avez hâte de rencontrer les 400 autres enfants et surtout votre groupe jumelé, de découvrir leurs noms et pays imaginés.

Au camping L’île des Papes vous voulez tous dormir sous la même tente pour rester liés et parce que vous avez peur des cigales.

Pour le grand pique-nique au Jardin du Rocher des Doms, vous voulez amener une chorba, des makrouts et du maffé : partager sa cuisine ça crée du lien.

Au-delà de la forêt le monde : ce titre vous intrigue autant que les noms des lieux : la Chapelle des Pénitents Blancs, le Cloître des Carmes, la Condition des Soies, le Grenier à Sel, la Chapelle du verbe incarné…

Vous espérez rencontrer les artistes après les spectacles et que cela se termine tard. Vous voulez veiller.

Quand je vous ai demandé votre définition du mot « lien », tu m’as dit : « c’est quand on est ensemble, qu’on se tient par la main, qu’on partage de belles choses et des émotions qui feront des souvenirs qu’on n’oubliera jamais. Comme ça on reste liés pour toujours ».

C’est très juste et Avignon Enfants à l’honneur c’est tout ça.

20 juin 2018
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