L’éthique de la relation dans le jeune public : Prendre soin de soi et de ses équipes
Depuis 2 ans, la crise sanitaire met à mal de façon profonde nos métiers, dans toute leur pluralité (artistes, médiateur·trices, responsables de lieux, relations publiques, technicien·nes, chargé·es de diffusion, administrateur·trices…). Dans un secteur souvent intégré par passion ou militantisme, on déplore depuis quelque temps un accroissement des burn out et des reconversions et certains métiers connaissent désormais une véritable pénurie. Comment pouvons-nous aller au-delà de ces constats alarmants et inverser cette tendance pour préserver le sens et le désir inhérents à notre secteur ? Comment mieux prendre en compte les spécificités de nos métiers et du contexte tout en étant plus à l’écoute de soi et des autres ?
La quatrième rencontre du cycle Ethique… et toc ! a permis d’esquisser une première réponse à ces questions. Proposée par Scènes d’enfance – ASSITEJ France et la Plateforme Jeune Public Occitanie dans le cadre de sa plénière, elle a eu lieu le 19 mai à Odyssud à Blagnac, à l’occasion du Festival Luluberlu.
Vidéos accessibles aux personnes
sourdes et malentendantes (sous-titrage en cours)
Compte-rendu vidéo de la rencontre (Merci aux Zooms Verts pour la captation et le montage)
Témoignages
CLAIRE LATARGET, artiste marionnettiste
Claire Latarget partage sa propre expérience du syndrome d’épuisement professionnel et liste les outils et nouvelles habitudes qu’elle a mis en place pour en sortir.
Il y a beaucoup de petits outils, de petites astreintes quotidiennes qui aident à se mettre des barrières, et à les mettre aux autres. Claire Latarget |
GRÉGOIRE LE DIVELEC, directeur de production – Bureau d’accompagnement Hectores
Grégoire Le Divelec explique comment, au sein du bureau d’accompagnement Hectores ont été mis en place des outils et mesures pour prendre soin des collaborateur·trice·s, définis par et avec les équipes. Il insiste sur la nécessité de faire confiance et de prendre du recul pour favoriser l’adaptabilité.
Nous sommes partis de l’idée que c’est au travail de s’adapter aux personnes, et pas l’inverse.Grégoire Le Divelec |
LAURENCE MÉNER, directrice adjointe du TJP – CDN Strasbourg Grand Est
Arriver à la tête d’une structure et prendre en main des équipes : Laurence Méner raconte son expérience et l’accompagnement en management qu’elle a suivi afin de réorganiser le travail pour plus d’horizontalité au sein de l’équipe et de remettre du lien entre les salarié·e·s.
Il a fallu qu’on trouve le moyen de remettre du plaisir et de redonner du sens au travail de chacun et chacune.Laurence Méner |
JEANNE ASTRUC, chargée de développement de projets artistiques et de formation – & Cie(s)
Bénéficiaire du FACT (Fonds pour l’amélioration des conditions de travail), l’association &Cie(s) a été accompagnée par La Petite afin d’identifier les différents rapport de domination au sein des équipes et de mettre en place une approche intégrée de l’égalité et de la parentalité. Jeanne Astruc témoigne de cet accompagnement et donne des exemples concrets d’actions mises en place par &Cie(s).
Cet accompagnement nous a permis de nous poser beaucoup de questions, d’identifier nos limites et de connaître des outils pour les poser.Jeanne Astruc Dossier de présentation de &Cie(s) ici. Informations sur les permanences d’Allié·e·s ici. |
Eclairages et retours sur les témoignages
MARION INIGO, coach et docteure en psychologie cognitive – Comprendre le bien-être pour prendre soin de soi et de son équipe
A travers l’éclairage de sa thèse, Marion Inigo tente de définir le bien-être au travail par différents aspects, en mentionnant des exemples concrets sur lesquels elle a pu intervenir, et donne des pistes de prévention des risques psychosociaux.
Le flow est un engagement très intense, qu’on retrouve surtout dans les activités de création, où la personne oublie le temps qui passe, tout ce qui se passe autour. Si on est dans un milieu, dans un travail où les personnes ont besoin de ces états de flow pour avancer, pour créer des choses, il est intéressant de se demander comment éviter les distracteurs.Marion Inigo |
RITA DI GIOVANNI, chargée de mission – ARACT Occitanie
Rita di Giovanni présente l’ARACT (Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail), ses différentes missions, et apporte des éclairages sur certains témoignages de la matinée.
Il faut bien que chacun ait la possibilité d’expliquer le système de travail et le système de contraintes/ressources dans lequel il est, que ça puisse être partagé pour trouver des solutions qui conviennent à tout le monde. Ces lieux d’échanges sont donc absolument déterminants. Il est indispensable de les mettre en place pour construire ces règles collectives.Rita di Giovanni Découpage de la vidéo :
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Compte-rendu des travaux collectifs en atelier
Après une “mise en jambe” proposée par Zoé Besson, intervenante en psychosociologie du travail (“Qu’emportez-vous pour votre voyage au pays du bien-être ?”), les participant·e·s à la journée se sont réparti·e·s en quatre ateliers thématiques :
- Les conditions matérielles de travail et leurs évolutions
- Organisation du travail et management
- Le dialogue et la connaissance mutuelle
- Formation et recrutement
Dans chaque atelier, les participant·e·s ont commencé par dégager les points forts et les difficultés rencontrés dans le secteur, à partir des expériences vécues de chacun·e et de constats partagés. Elles et ils ont pointé les tensions/difficultés derrière ces constats et ont choisi celles qui allaient être creusées en groupe : quelles sont les causes de ces tensions ? Quels sont les leviers pour agir sur ces causes ? Que peut-on mettre en place ? Quelles ressources peuvent être mobilisées ?
La restitution a pris la forme d’une déambulation libre entre les panneaux présentant les travaux, commentés par les participant·e·s des différents groupes. Retrouvez le compte-rendu de chaque atelier ci-dessous.
Conclusion de la journée
En conclusion, après avoir invité les participant·e·s à partager ce qui les a surpris·e·s, nourri·e·s et les propositions qu’elles et ils souhaitent apporter au collectif, Zoé Besson a apporté son regard sur les échanges de la journée.
Je propose…
- “de nous retrouver dans un an, dans les mêmes modalités, pour voir comment les choses évoluent”
- “d’essayer d’appliquer tous les outils qui nous ont été partagés aujourd’hui”
- “de signaler systématiquement tout comportement sexiste, déplacé, irrespectueux au sein des métiers du spectacle vivant”
- “d’impulser ces temps d’échanges, même de manière informelle, sans attendre des rendez-vous organisés par d’autres”
Pour aller plus loin…
Les intervenant·e·s et participant·e·s à la rencontre ont partagé des ressources autour de l’éthique de la relation dans le jeune public. Cette liste n’est pas exhaustive et a vocation à se développer au fil de vos contributions (sous réserve qu’elles soient en adéquation avec le sujet).