À l'écoute de l'enfant qui murmure en nous

Par Laurent Maindon, membre du Conseil d’administration

A l’heure où il est de coutume de se souhaiter ses meilleurs vœux, tout à coup, les questions affluent. A quoi bon ? N’est-il pas hypocrite d’entretenir le rituel en faisant semblant de regarder ailleurs ? Tu les veux dans ta face mes meilleurs vœux ?

Il serait vain et coupable de nier la toxicité ambiante qu’entretiennent sciemment certain·es politiques zélé·es qui profitent du prétexte de la dette pour, tel·les des pétrolier·ères opportunistes, dégazer en pleine mer et ainsi procéder à l’élimination progressive du financement non seulement de la culture mais aussi de tout ce maillage solidaire et silencieux inscrit dans les territoires péri-urbains et ruraux qui œuvre au service des jeunes et des recalés, maillage si précieux qui opère dans l’ombre quand les lumières éclairent les élucubrations médiatiques des autres. C’est en sacrifiant l’accès à la culture pour les enfants et les adolescent·es qu’on handicape les rêves et les audaces à venir, qu’on interdit les pas de côté et les remises en question de notre monde d’adultes.

Alors quels vœux se souhaiter dans cette vaste hypocrisie ambiante ? A considérer qu’il existe dans cette adversité de multiples raisons de résister, à espérer que la fraternité n’est pas un vain mot, à revendiquer que les mots ont encore du sens, alors oui, souhaitons nous de continuer à semer, à labourer et récolter les fruits de nos rêves, de ceux qui vous maintiennent debout malgré les tempêtes et qui vous font regarder l’horizon sans vaciller. Plus que jamais la solidarité nous oblige. Plus que jamais les mots que nous portons sur scène, les répliques qui nous bousculent, nous interrogent, nous encouragent, résonnent dans cet hiver de l’esprit que nous voyons venir.

Autrices, auteurs, interprètes de toutes les dramaturgies, unissons-nous ! La poésie de nos textes demeure notre dernière lanterne pour lutter contre l’obscurité grandissante dans laquelle nous disparaitrons si nous n’entretenons pas le feu sacré. Ecrire, mettre en scène, jouer, écrire mettre en scène jouer, écriremettreenscènejouer… c’est un des rares moyens à notre portée d’écouter l’enfant qui murmure encore en nous.

27 janvier 2025
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