Ça redémarre sur les chapeaux de roues.
Et on ne va pas se plaindre !
Après de longs mois colorés d’ambivalences ouvert/fermé, peut-être/peut-être pas, oui/mais, annulé/reporté, maintenant/plus tard/jamais, nous voilà tous vaccinés, ou presque, et remis sur les rails d’un rythme pour le moins effréné.
Ralentissement/accélération : on rêvait tous secrètement d’un pseudo monde d’après, même sans y croire… Il ressemble clairement en cette rentrée davantage à un rattrapage de temps perdu qu’à un hypothétique éloge d’une lenteur retrouvée.
Heureusement, nous nous sommes enrichis de nouvelles capacités d’adaptation !
Car il nous aura fallu une belle souplesse et beaucoup de gentillesse les uns envers les autres pour traverser sans trop d’énervement les moults rebondissements de nos calendriers mobiles.
Je voudrais vraiment nous en féliciter et remercier toute cette solidaire patience déployée.
Aujourd’hui tout semble rentré dans l’ordre (?), j’ai retrouvé l’odorat, on sort de plus en plus les nez des masques pour les coller aux téléphones option agenda (que j’ai eu grandement le temps de configurer correctement), et je sautille à droite à gauche, tiraillée entre quatre événements, avec un immense bonheur.
J’ai lu hier « Faire fleurir l’avenir » de Vendana Shiva, elle y évoque ces espaces précieux auxquels nous avons dû renoncer un peu pour les préserver : Les Communs.
Vendana Shiva parle plus précisément dans ce livre de la Terre, celle qui produit les éléments essentiels indispensables à notre survie. J’ai de mon côté aimé transposer ces Communs du ventre aux Communs de nos lieux collectifs, ceux où nous pouvons nous retrouver, jouer, discuter, nous embrasser, nous bousculer, nous réparer, penser, inventer et créer.
On voit ainsi les théâtres ré-ouvrir, sans craindre que nos billets soient caduques le lendemain matin, on retourne avec euphorie aux grands écrans des cinémas, aux musées, aux expos, à la piscine, au yoga, au judo, à la danse des cinq, six, mille rythmes, aux rendez-vous en présentiel, à la fac sans demi-groupe. Mon agenda explose mais c’est tant mieux.
Je retrouve avec délectation les joies de l’Art, et j’avoue que le concert de Sarah Davachi à l’Église Saint Eustache ce 12 octobre m’a rappelé à quel point la création artistique était un sacré mystère, dense, magique et très très essentiel à notre santé mentale !
« Parce que nous vivons dans un monde interconnecté et que les sociétés humaines dépendent profondément de ce que la nature leur prodigue, toutes les sociétés se souciant du bien-être humain et de l’intérêt public ont toujours défini, administré, protégé et renouvelé les Communs ».
Ouiiii ! Quels Communs pourrions nous rêver pour cette nouvelle saison, sensibilisés par cette expérience de presque perte, et propulsés par ces grandes retrouvailles ?
Prendrons nous le temps d’y réfléchir ?
En attendant d’être traversés par une étincelle, je nous souhaite à tous et toutes une plongée ravie dans ce grand bain retrouvé des Communs artistiques, pluridisciplinaires et transgénérationnels, pour tous !, espaces hautement nourriciers et essentiels à nos coeurs, dont nous avons la chance de pouvoir encore nous offrir le luxe, tant que l’humus dont parle Vendana Shiva continuera de remplir nos frigos.
Prenons soin de tout ce qui nourrit !
* Faire fleurir l’avenir, Vendana Shiva, Éditions de l’aube