Depuis 2021, le groupe « Recherche » de Scènes d’enfance - ASSITEJ France est animé par la question de la participation des enfants et des jeunes à la création artistique et à la vie des lieux culturels. Trois études ont été passées aux étudiant·es du Master IPCI (Ingénierie des Projets Culturels et Interculturels) de l’université Bordeaux-Montaigne que j’ai eu la chance de suivre ces deux dernières années. J’ai beaucoup appris en accompagnant les étudiant·es sur la question des comités culturels de jeunes au sein des théâtres. D’une part parce que ma co-tutrice universitaire Margot Bareyt du labo des cultures maîtrise le sujet, mais surtout parce que j’ai dû remettre en cause mes propres biais.

Une Luciole, toute seule, n’est pas grand-chose. Mais ensemble, elles peuvent éclairer tout un champ. Si la France (au sens large) est un champ, nous sommes autant de Lucioles à œuvrer pour la culture en direction de l’enfance et de la jeunesse. Des initiatives plus ou moins mises en lumière, plus ou moins soutenues, reconnues - mais fédérées par des valeurs communes : l’émancipation de la pensée par l’émotion et le partage. Sur la saison 2024/2025, les Tréteaux de France et Scènes d'enfance - ASSITEJ France, ont eu l’idée de prendre de la hauteur pour faire de ce champ un état des lieux général : La Fédération des Lucioles.

Il serait vain et coupable de nier la toxicité ambiante qu’entretiennent sciemment certain·es politiques zélé·es qui profitent du prétexte de la dette pour, tel·les des pétrolier·ères opportunistes, dégazer en pleine mer et ainsi procéder à l’élimination progressive du financement non seulement de la culture mais aussi de tout ce maillage solidaire et silencieux inscrit dans les territoires péri-urbains et ruraux qui œuvre au service des jeunes et des recalés, maillage si précieux qui opère dans l’ombre quand les lumières éclairent les élucubrations médiatiques des autres. C’est en sacrifiant l’accès à la culture pour les enfants et les adolescent·es qu’on handicape les rêves et les audaces à venir, qu’on interdit les pas de côté et les remises en question de notre monde d’adultes.

Cette phrase, je l’ai entendue des dizaines de fois, répétée à mon tour. Puis je l’ai faite mienne comme un mantra. Jour après jour, création après création. Raconter des histoires, ne pas avoir peur d’évoquer le monde d’hier et celui d’aujourd’hui, affronter la violence, chercher la poésie dans toute chose, partager une réflexion sur ce qui nous entoure, mais toujours parler de demain avec espoir. Comme pour dire aux jeunes spectateur·rices, oui il y aura encore du beau demain, tu verras, ça vaut le coup de se battre, oui ça va le faire, demain sera plus grand ou plus doux ou plus solidaire, ou en tout cas pas moins.